Résilience

31/12/2020

Ou 
« Confinement ou pas confinement, j'irai voir mon père... » 


Résilience est un mot devenu extrêmement populaire au Québec depuis mon départ.   Il y a 20 ans, cette aptitude à une résistance physique et psychologique au-delà du commun ne courait semble-t-il pas les rues à Montréal alors que maintenant, dès l'instant où je pose le pied chez moi, je me demande déjà si je serai suffisamment résiliente pour encaisser ce mitraillage de résilience par-ci et d'endurance surhumaine par-là... !   Y aurait-il d'ailleurs lieu de voir là un lien de cause à effet entre une cause possible - départ du Québec de LaquéeBecOise -, élément déclencheur qui serait à l'origine de l'introduction d'un nouveau terme dans le vocabulaire québécois usuel, et l'effet - la populace québécoise, sous le choc de ce départ inattendu, se voit forcée de devenir résiliente ???   Je ne crois pas, NON !!   Donald Trump, pitié, sors de ce corps !

Résilience, un terme qu'on entend nettement moins souvent en France.  Depuis plus de 20 ans que j'y habite, ce mot a dû parvenir à mes oreilles pas plus d'une douzaine de fois gros max...   Mais je vous épargne cette fois-ci mon couplet de comique de répétition, ma  running gag  sur le principe de causalité !

France Info m'a toutefois prise au dépourvu hier matin en utilisant ce terme porteur d'une puissance toute étymologique... 1)

Il était mentionné en ondes que la jeune génération en était une de « résilience » face à la situation sanitaire passée et actuelle, et à tout ce qui s'annonce derrière...   En effet, apparemment 77% des moins de 20 ans sont toujours optimistes quant à leur avenir.  Excellente nouvelle, les vieux vont désormais pouvoir se reposer sur leurs lauriers et déprimer un maximum !!

Mais, petit rappel à l'ordre, le vrai sujet du jour est :

« Confinement ou pas, j'irai voir mon père... »

Mais dans le cas qui nous concerne aujourd'hui, vous me direz que l'auteure de cette phrase n'est peut-être pas en pole position en termes de résilience...   Mais qu'elle se qualifie plutôt bien dans la catégorie « Je suis hors-la-loi et je l'assume... » !

Or, il ne faut pas se fier aux apparences.   La génération référencée par Macron comme étant « sacrifiée » peut sans doute aucun se targuer d'être résiliente, et c'est tout à son honneur.   Mais la génération X, celle des « désabusé(e)s, confronté(e)s au spectre du sida, traumatisé(e)s par le divorce de leurs parents Baby Boomers et irrémédiablement marqué(e)s par une entrée sur le marché du travail plombé par les chocs pétroliers, etc. » est, Elle, la Vraie, l'Unique, l'Initiatique « Génération Sacrifiée » 2) !!   Eh oui, ironiquement, c'est la team des 40-55 ans, les quarantenaires et les mi-cinquantenaires d'aujourd'hui qui, pris en sandwich entre les fringants Boomers  et les Bullards de l'Internet, ont les premiers reçu l'appellation de « Sacrifiée » !   Macron aurait mieux fait de réviser ses basiques au lieu de faire croire aux d'jeuns qui Mangent, Dorment et se font aveuglément Aimer qu'ils étaient en si mauvaise posture...

Personnellement, si je puis me permettre de parenthèser mon avis, je ne m'identifie strictement pas à cette définition de ma génération, pas plus d'ailleurs qu'à celle donnée par Gainsbourg pour désigner mon année de naissance... 1969 3).   Mais cela est une autre histoire, ce sera pour mon prochain délire qui devient décidemment chronique...

Or, l'auteure du jour, en plus de faire partie de cette vraie génération dite « sacrifiée », a pour second prénom « Résilience ».   Car, à quelques heures de 2021, j'ose croire - la connaissant quand même suffisamment - qu'elle débute l'année avec un optimisme et un positivisme inégalables, avec une confiance et une foi en l'avenir imbattables.   Parce que la bataille, elle connait.   La preuve par A + B...

Séparation, règlement de comptes pas à l'amiable avec l'ex, nombreux passages devant le juge pour réclamer ce qui lui revient de droit, pour réclamer ce à quoi ont droit ses enfants.    Un déménagement express, au plus près, au plus vite, pour faire au mieux.   Un travail qui demande...du travail.   La volonté d'aller de l'avant, de retrouver sa liberté, de reprendre son nom.   Porter ses enfants à bout de bras pour qu'ils ré-entament sereinement leur vie, pour qu'ils regardent au-delà du présent avec la même hardiesse que tous les autres jeunes de 20 ans.   Sachant que les chances sont infimes pour que ces deux magnifiques bambins fassent exception aux préceptes « Je Mange, Je Dors, Je M'aime » caractéristiques de la fausse génération « sacrifiée »  - Bon, LaquéeBecOise charge peut-être un peu trop ici... !!   Une maman trop vite partie des suites d'une maladie qui ne s'oublie pas sauf pour celles et ceux qu'elle touche.   Une famille qui l'accompagne, qui lui tient la main, qui l'aime.   Des amis sans qui, à ses dires, « je n'aurais pas réussi à passer à travers tout cela » alors que ces quelques longues années n'ont fait que démontrer la solidité, l'optimisme à toutes épreuves et la force profonde ancrés en elle depuis bien plus longtemps encore.

4 ans d'enfer et de galère pour finalement parvenir à remonter la pente, à se re-propulser à la surface pour enfin souffler un peu.

Resilience is her middle name...


Confinement ou pas, j'irai voir mon père...


Je braverai tous les obstacles, y compris les gendarmes, et je serais capable de tous les mensonges (alors que j'ai horreur de ça...au premier confinement, je me trimballais des sacs de course factices pour faire croire que je venais le ravitailler !)  pour aller lui apporter, selon ses dires, son petit rayon de soleil de la semaine (c'est tellement gratifiant et valorisant !!!).   Oh, rien de bien terrible  :  discuter avec lui (à distance et avec le masque !), recoudre un bouton, ramasser les dernières feuilles tombées, l'aider à étendre la lessive, lui préparer un bon petit plat à savourer, lui expliquer comment on prépare la béchamel et lui préparer une fiche pour avoir la recette sous la main, commander sur internet une pièce qu'il n'arrive pas à trouver (le joint de sa cocotte minute, ...et même ses graines de salade, la variété qu'il voulait absolument, celle qui résiste au froid en hiver) et qui arrivera comme par magie dans sa boîte aux lettres...   Ce n'est pas ce que je vais l'aider à faire - même si je coche la case « visite à une personne vulnérable » sur mon attestation de déplacement - qui est important, car je sais qu'il y arrivera tout seul en prenant un peu plus de temps.   Mais ce qui est vraiment important, c'est de passer du temps ENSEMBLE, de prendre le temps dans cette course effrénée de la vie...

A mon retour chez moi, j'envoie un petit SMS rassurant à mon frère qui, confinement oblige, ne peut pas changer de département  :  Papa OK / A mon arrivée, papa pas trop le moral puis après ça s'est bien passé...

Parfois tout n'est pas aussi idyllique et je pense irrémédiablement au poème de Jacques Prévert « le désespoir est assis sur un banc » ; si vous ne le connaissez pas je vous laisse le découvrir...4)

Et je m'embarque et m'engouffre dans son désespoir, j'en rajoute même une couche, on pleure un bon coup...et je repars le cœur chaviré pour la semaine...   Je n'ai pas réussi à inverser la tendance, je n'envoie pas de SMS à mon frère pour lui dire que tout s'est bien passé...   Et il comprend à mon silence que non, ça ne s'est pas bien passé...

Parfois, c'est mon fils qui prend le relais et qui fait une visite surprise à son grand-père.    Il l'a aidé à planter les piquets pour les pieds de tomates :   le jeune apprend, le papy enseigne et transmet ses secrets de jardinage.  Ils partagent ensemble des moments de bonheur inscrits pour l'éternité dans leurs souvenirs.   Bienheureux confinement car, sans lui, mon fiston n'aurait jamais disposé d'autant de temps. Il apprend aussi la patience auprès de son grand-père...

Pour toutes ces raisons, confinement ou pas, j'irai voir mon père...


La nouvelle année s'annonce, 2021 frappe à nos portes, et c'est avec sa résilience et sa grâce toute patricienne que l'auteure de la chronique du jour a hier investit la nouvelle maison qu'elle vient de s'acheter et la nouvelle vie qu'elle vient de s'offrir, à elle et à ses enfants...

Et le dictionnaire LaRousse nous redit : 


Merci à Patricia « Résilience » V. qui, par le sujet dont elle est aujourd'hui l'auteure, nous encourage à résilier notre non-résilience face aux petits tracas de la vie...!


1)  https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/r%C3%A9silience/68616

2)  https://www.leparisien.fr/societe/xennial-millennial-z-a-quelle-generation-appartenez-vous-03-07-2017-7106526.php

3)  https://www.youtube.com/watch?v=0HhitAUML4A&list=ULvKIRP694TZc&index=52

4)  Jacques Prévert, Le désespoir est assis sur un banc, Recueil "Paroles", Le Point du Jour, 1946, https://www.youtube.com/watch?v=FQjTvZCeo1c

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