Ode à l'Amour Maternel
L'Amour, tout court, est déjà un sujet compliqué et hasardeux à mettre en musique dans une chronique comme celle-ci qui se veut « pas prise de tête ». Alors, comment aborder ce thème de l'Amour maternel avec légèreté et humour ?
Afin de relever le défi lancé par Patricia, Francine, Mathilde et Miss N. à l'étape précédente "Mange, Dors, Aime" - Suite et Fin, je me lance dans cet exercice périlleux mais néanmoins vibrant de tendresse, de gaieté partagé, de fous rires et d'aventures insoupçonnées...
On ne peut pas empêcher un coeur d'aimer...
Proverbe québécois
Sur le sujet du sommeil, il m'a été des plus faciles de me rallier à la cause de mes chérubins d'enfants. Car Dormir, n'est-ce pas après tout un acte essentiel ? Et laisser ses enfants se rendormir, n'est-ce pas, clairement, un grand acte d'amour maternel ? N'y dénote-t-on pas une dévotion extrême à l'égard de ses enfants, un souci de les préserver - peu importe leur âge - d'un quotidien stressant par une maman stressée ? Honnêtement, je ne saurais dire car je suis moi-même toujours au lit à l'heure où, semble-t-il, certains parents partent en croisade et vont secouer leurs petits chéris dans un souci tout parental de débuter en douceur et de bon matin une journée qu'ils espèrent... à 100% Bed-Out ! « La vie appartient à celles et ceux qui se lèvent tôt ! » de claironner l'Homme lorsqu'il lance son habituelle opération « Zéro Dodo, zéro Delco 1) ...EED'Jo ! 2) » du samedi matin. Et cela, tous les week-ends depuis que nos rejetons ont atteint l'âge où les dessins animés du matin sont passés en second plan derrière l'indéniable nécessité de faire, à l'image de John Lennon et de Yoko Ono, du Bed-In 3).
Il faut néanmoins réaliser que tout l'amour maternel - et paternel aussi bien entendu - se révèle au final bien en amont de ces séances de « Je saute au lit et je fais de la musique pour rétablir la paix dans le monde » qu'appliquent religieusement nos petits. Et je ne parle même pas ici de l'allaitement ou des biberons à toutes heures illogiques de la nuit, de l'acquisition de la propreté ou du langage, de la conduite accompagnée - ah ben mince, cette pénitence-là a pourtant lieu bien après celles de la petite enfance... - et autres épreuves douloureuses dévolues aux seuls géniteurs. Non non, je fais ici référence à tous ces matins bénis des dieux où, le week-end aidant, l'Homme et moi aurions pu grappiller à l'aube quelques heures de sommeil en plus. Mais où il s'avéra, in fine, impossible de le faire... parce que nos rejetons avaient décidé de vivre leur Vie !! Au programme : Mon Lait au chocolat ! Mes céréales ! J'trouve pu Doudou ! Mes frères ne veulent pas regarder les Totally Spies ! La sœur refuse de regarder Foot 2 rue ! Est-ce qu'on peut sortir la cassette de Bob le Bricoleur à la place ?! Non mais finalement le p'tit veut juste écouter le Soldat Rose ! Du coup, est-ce qu'on peut mettre Le Petit Nicolas parce que là, on est tous d'accords ?!! Je vous l'avais dit : « Zéro Dodo, zéro Delco »... mais bon, à cette époque-là, c'est l'Homme et moi qui nous retrouvions pris au piège du clairon matinal !.

Je m'en voudrais toutefois de passer sous silence les câlins et les gros becs du matin ainsi que les « sandwiches » à 5 étages, empilement de bras, jambes, et autres membres de notre corps familial, dans la couche conjugale... Que d'amour filial distillé dans ces quelques minutes de l'aube où certain(e)s auraient bien voulu dormir alors que d'autres n'avaient soif que de voir le jour se lever sur de nouvelles aventures ! ...Si ce n'est pas d'l'Amour maternel ça...
Et alors qu'ils abordent maintenant l'âge adulte, mon cœur de mère a appris à faire abstraction des multiples heures d'écran sur LOL ou sur Minecraft, des bobettes sales qui trainent, des réclamations pour un jean noir slim soi-disant à la base de la pyramide des besoins de Maslow. J'oublie leur flemme épuisante, leur mutisme matinal nouvellement acquis, leurs angoisses délirantes du soir à la vue des choux de Bruxelles dans leur assiette. Je pardonne leur absence systématique lorsqu'il s'agit de ramasser les feuilles à l'automne. Tout comme leur admirable capacité à vider tous les rouleaux de papier de toilette sans jamais ouvrir le dévidoir pour les remplacer. Et sans jamais mettre les rouleaux vides au recyclage. Je capitule lorsque, assiégée par ma horde de d'jeuns que je dois déposer pour l'un chez l'orthodontiste, pour l'autre chez la copine qui fête son anniversaire, et pour le dernier au dépanneur4) du coin parce qu'il a la flemme d'y aller à vélo, je dois me résigner à gracieusement subir les basses arythmiques de Gims, Maes, Wejdene et autres Ayayhhaaa Nakamura de l'hiver 2020-2021.
Après tout, un peu de clémence à l'égard de mes petits chéris car n'ai-je pas moi-même subi le courroux maternel lorsque, jeune rebelle, j'écoutais à fond la caisse un jeune frenchie du nom de... Francis Cabrel ?!!
« Baisse le son A., c'est trop criard ta musique !! »

Chapeau bas
donc à mes chéris d'amour car ils sont vraiment impressionnants
d'imperturbabilité. Leur stoïcité
lorsque confrontés à mes coups de gueule - Répétitifs ?? Fréquents ?? - est admirable. De même que mon propre stoïcisme à tout
accepter venant d'eux !
Vaincue, je cesse de râler, en fausse Française que je suis devenue, et j'accepte de bonne grâce ma défaite sur l'autel de l'Amour Maternel !
En ces temps de COVID-19, je vous le dis, ne regardez pas à la dépense et prodiguez - avec le masque et la tenue ignifuge s'il le faut - câlins, gros becs et sandwiches à 5 étages à votre progéniture, à vous-même, à votre Homme, à votre blonde, à votre chum, au padre, à la daronne, aux grands-parents, aux ami(e)s, aux collègues, à votre chien, au hamster du voisin... Parce que l'Amour, y'a que ça de Vrai !

A toutes celles et ceux qui, en 2020, ont perdu un être cher - des suites ou pas du Coronavirus.
This one is for you Mike...
1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Delco#:~:text=Le%20Delco%20est%20une%20marque,%2C%20gaz%2C%20etc.%20)
2) Les publicités pour l'assurance française MMA comportent toujours le jingle « Zéro tracas, zéro blabla....MMA ! », https://www.youtube.com/watch?v=o98joJRop3k
3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Bed-in_for_Peace. Anecdote intéressante : l'un des 2 Bed-Ins de J. Lennon et Y. Ono s'est tenu à l'hôtel Reine Elizabeth à Montréal au printemps 1969 alors qu'il aurait normalement dû avoir lieu à New York. Mais Lennon ayant été condamné en 1968 pour possession de cannabis, le couple ne fut pas autorisé à entrer aux Etats-Unis et dû se rabattre sur Montréal, une sage décision en vérité... !
4) Le « dépanneur » québécois, c'est l'« épicier de quartier » français, la supérette du coin !, https://www.dufrancaisaufrancais.com/articles/5-mots-indispensables-aux-francais-qui-arrivent-au-quebec/#:~:text=Le%20%C2%AB%20d%C3%A9panneur%20%C2%BB%20qu%C3%A9b%C3%A9cois%2C%20c,que%20son%20%C3%A9quivalent%20convinience%20store.