I had a dream...

Très présomptueux.  Très très TRÈS présomptueux de ma part...   Surtout que ce titre contient une coquille puisque le mythique discours de Martin Luther King s'intitule bien « I have a dream » 1) :  il nous parlait là au présent et au futur.   Alors qu'en ce qui me concerne aujourd'hui, il s'agit bel et bien du passé... « I had a dream ».   Et dans les faits, si je résume le sujet du jour, c'est extrêmement simple : j'ai fait un rêve cette nuit !!   Oh ce rêve ne portait certes pas tout l'espoir d'une nation et d'un peuple entre ses mains.   Mon rêve à moi était clairement plus basique, égoïste et terre à terre.   Mais il portait néanmoins tout mon espoir à moi...

Ce songe d'une nuit, bien que fugace, était tellement clair et vivace en moi au lever ce matin que j'ai effectivement pensé que ça avait eu lieu la veille.   Que hier, j'avais vraiment fait une grosse gaffe.  Trop spontanée et trop tactile, que j'avais une fois de plus agi sans trop réfléchir, fidèle à mon impulsivité habituelle.

Mais non, ce n'était qu'une illusion de Morphée et ainsi il en demeurera pour l'instant...

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Bon, LaquéeBecOise va-t-elle finalement finir par aboutir avec ce rêve apparemment hyper-supra-philosophique puisqu'il justifie à lui seul le billet de ce jour... ???!!!!

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Je ne me souviens ni de la personne, ni du lieu, ni des circonstances.  Je ne me souviens que du geste : une poignée de main franche, vigoureuse, naturelle, reconnaissante.  Et de ma réaction immédiate, une fraction de secondes plus tard  :  à travers mon masque, je disais « Ah mince, c'est vrai, on n'a pas le droit... je suis DÉ-SO-LÉE... ».   Désolée je l'étais mais, en même temps, pas vraiment...

Cela fait maintenant presque un an qu'on ne peut plus se toucher.  Presque un an qu'on est gauche, mal à l'aise, qu'on se met en retrait, qu'on longe les murs.  On se sourit gentiment mais avec distance, on avance pour accueillir puis on se recule pour respecter l'autre, pour respecter la distanciation.  Finis les High Five, au placard l'accolade fraternelle, on remballe les bisous, les étreintes et les gros becs.  Et quand, comme moi, on n'est pas fan des ersatz de câlins, des succédanées de bises, et de toute cette nouvelle gestuelle qui tente de se substituer aux habituelles embrassades, poignées de mains, tapes dans le dos et autres démonstrations physiques d'amitié, de réconfort, de soutien, d'hospitalité, de plaisir partagé, alors ça vole bien bas...  Les simili-salutations aseptisées avec le coude, avec le poing fermé, avec le pied, très peu pour moi...  Car ça n'a définitivement pas la même saveur qu'un bon gros bec mouillé, qu'une triple bise bien claquée !

Pour tout vous dire, je suis une inconditionnelle des Bear Hugs !  Au grand désespoir sans doute de certaines de mes connaissances françaises qui ne connaissent pas cette pratique, ce commerce un peu trop de proximité !   Et elles et ils se tiennent là, tout raides, tout empesés, bras collés le long du corps, paralysés et en attente de la suite, en espérant d'ailleurs qu'il n'y aura pas de suite !   Mais je persiste, je m'obstine, je m'incruste et je réussis occasionnellement - sur un malentendu peut-être ? - à en ramollir quelques-un(e)s dans mes bras !   Mais il serait une fois de plus présomptueux de ma part de généraliser cette inertie corporelle - Est-ce de la pudeur ? Est-ce simplement culturel ? - à l'ensemble de la population hexagonale car on y trouve également d'excellents Bear Huggers qui ont parfaitement assimilé les codes de cette étreinte amicale enveloppante !

Bien sûr, je peux évidemment combler ma soif de contacts tactiles humains avec ma marmaille, avec l'Homme.  J'ai cette chance de ne pas être isolée, d'être entourée, d'avoir ma tribu familiale auprès de moi.  Sauf que...  1°  Mes enfants commencent à en avoir bien marre de cette mère invasive, collante, qui réclame des bisous baveux et des câlins longue durée à toutes heures du jour et de la nuit.  Mais surtout,  2°  Le hug familial ne touche pas la même fibre que le hug amical.  Le message véhiculé est différent...bien que semblable.  Je ne saurais l'expliquer.

Et donc, après onze mois de régime sec, nourrie aux « Salut, ça va ? » à 5 mètres de distance et perfusée aux coudoiements stérilisés, on pourrait supposer que LaquéeBecOise se dessèche, se ratatine et se momifie, en manque évident de la moindre miette de rapprochement physique...

Eh ben NON justement !  Car...

Qu'est-ce que la COVID ne m'empêchera pas de faire ???

Un Bear Hug évidemment !

Et c'est ainsi que, armée de mon masque et désinfectée des pieds à la tête, je fends la foule, sûre de moi et distribue à qui le veut bien une accolade rapide par-ci, une étreinte plus appuyée par-là, une pression affectueuse d'épaule ou de coude aux volontaires - pas toujours nombreux il est vrai... ! - ou encore une embrassade bouillonnante aux heureux désignés volontaires par mes propres soins !

Un anniversaire à souligner ?  Un coup de déprime passager ou qui perdure ?  Je réclame si c'est moi qui suis concernée ou je propose - voire même j'impose aux plus nécessiteux - si quelqu'un demande ou est gravement dans le besoin.

Est-ce légal ?  J'imagine que oui même si je ne parierais pas ma Dacia là-dessus...

Est-ce recommandé ?  Clairement NON !

Est-ce bien nécessaire ?  Dans mon cas, OUI !

Et donc, pour celles et ceux qui souhaiteraient un petit remontant affectueux fugace mais vivace, séance de Free Hugs chez nous tous les soirs de 17 à 18 heures !

1)  Discours de Martin Luther King prononcé le 28 août 1963 devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C., https://www.youtube.com/watch?v=Yoc2jrj2mGo